Je reçois une notecard de
Mimi Carpenter pour un concert à la Coopération française. Je m'y rends, sans doute trop tard. Elle était là mais le concert semblait terminé. Il y avait un monde fou. Et beaucoup de noobs français venus chercher de l'aide.

Une jeune noob , toute vêtue de blanc (une fan de
Loulou ? ) complètement perdue, demandait de l'aide à qui pouvait l'entendre. Elle était assise et ne savait pas comment bouger. "Je stagne", m'a-t-elle dit... J'ai bien aimé cette expression.
Elle venait de débarquer ce jour-même, peut-être même à l'instant. Limite affolée par ce qui lui arrivait, elle voulait savoir comment jouer, comment rencontrer des gens, quoi faire ici. Je lui ai dit que Second Life n'était pas un jeu, mais un Univers. Qu'il était possible de faire des milliers de choses mais que c'était à soi de se fixer ses propres objectifs.
- Quels conseils me donnerais-tu?
- Juste d’être ouverte, sympa et... patiente!
J'ai cherché à l'aider le mieux possible pour qu'elle ne se décourage pas. Je me suis même surpris à craindre pour sa vie virtuelle. Allait-t-elle durer une journée? Quelques mois? Une vie entière? Allait-elle passait à côté du "truc"?
La réussite de la vie virtuelle peut tenir à un fil.
Tout en lui parlant, je me souvenais de mes débuts. J'avais oublié que moi aussi j'étais dans un état de dépendance. J'avais eu besoin des autres pour des choses aussi simples que danser, passer du jour à la nuit, ou même trouver un lieu intéressant.
Depuis ses débuts, Second Life a généré une longue chaîne de solidarité entre les résidents. Une chaîne d'entraide où les plus aguerris transmettent leur savoir à ceux qui débutent.
L'apprentissage d'une vie passe par les autres.
Cette rencontre m'a éclairé sur le rôle des
"mentors", qui ont décidé de donner une partie de leur temps à aider les autres.
Ce choix altruiste suscitait mon admiration et en même temps m'intriguait. Donner de son temps à des inconnus, les aider à résoudre toutes sortes de problèmes, juste pour le plaisir de le faire, me semblait génial et incompréhensible en même temps. Pourquoi cette générosité? Comment l'expliquer?
Et puis j'ai compris. Enfin, je crois. Les mentors représentent la partie visible de l'iceberg. "Donner" est une des raisons d'être de nombreux résidents dans ce monde. Vision naïve?
Des musiciens donnent des concerts gratuits. Des créateurs, comme
Yadni Monde mettent à disposition des centaines d'objets virtuels gratuits, des builders créent des lieux de vie stupéfiants. Des dizaines de tutoriaux sont créés pour nous aider à évoluer dans ce monde, des Sims comme la Coopération Française sont conçues exprès pour aider les noobs, et enfin des blogueurs partagent leurs connaissances et leur savoir.
Second Life est un monde de mentors.
Donner quelque chose de la compréhension de ce monde mystérieux est pour de nombreux résidents une raison de vivre. Une nécessité, que j'ai moi-même ressentie.
Je n'avais pas vu que cette solidarité si particulière,
dont j'avais déjà parlé était si ancrée dans cet univers. Second Life a fait naître une génération de "passeurs".
Cela est très réjouissant. Cela fait partie de la culture SL.
Parce que nous sommes au début de l'ère "virtuelle"?
Parce que nous sommes encore en minorité?
Parce que nous voulons faire savoir au reste du monde que l'expérience du virtuel peut enrichir l'être humain?
Au cours de ma vie Slienne de nombreuses personnes m'ont transmis, parfois même sans s'en rendre compte, par leurs connaissances techniques, leurs réflexions, leurs écrits, leur art, ou même par leur façon d'être, des éclairages qui m'ont permis d'avancer.
Les noobs n'échappent pas à cette règle. Ces "apprentis de la vie virtuelle" nous rappellent sans cesse, par leurs questions, leur fraîcheur, leurs peurs, ce que nous étions et ce que nous sommes devenus. N'oublions pas que certains d'entre eux seront en mesure, un jour, de transmettre...
" Si je devais retirer tout ce que les autres m'ont apporté, il ne me resterait que la peau et les os"Goethe
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