dimanche 24 juin 2007

Second Life: Don't Worry be Happy



La soirée avait plutôt mal commencé. Une amie bien intentionnée m’avait invité dans une boîte de nuit. Le but était de danser sur une vache. Bon. Chacun son trip après tout.

Inutile de dire que je n'étais pas dans le "mood". D'ailleurs, ce n'était pas de la faute de cette pauvre vache, ni de cette soirée. Cela faisait un certain temps que je n'étais pas "dedans". Je n'arrivais plus à apprécier Second Life à sa juste valeur. La veille par exemple, j'étais avec Loulou à Cocololo Island un lieu de rêve.

Loulou: Oh je suis sur un éléphant! Je ne m'en étais pas rendu compte! C'est génial! J'ai atterri sur un éléphant!
Moi: Euh... oui, c'est un éléphant!

Je ne pouvais pas partager sa joie. Je n'avais strictement rien à dire. Vide.

Loulou : Oh un chemin, génial, j’adore.
Moi : Ouais...
Loulou: J'adore! On doit suivre les flèches!
Moi: Ah oui, c'est sympa les flèches!

Aucun répondant. Aucune impression. Un automate.

Loulou: Oh un tigre! Génial! Il rugit. Vas-y monte, et il va rugir!
Moi: ça ne marche pas. A mon avis, Il ne rugit qu'avec les femmes.

Je commençais à dire vraiment n'importe quoi. Très mauvais signe. Je ne savais plus quoi inventer pour me sortir de cet état. Aucun de ces "petits rien" que j'affectionne tant et que Loulou me donnait sans s'en rendre compte ne me faisaient d'effet. Une nouvelle perte de foi. Après cela, il y a eu la ballade en bateau.

Nous nous sommes noyés une bonne dizaine de fois avant de réussir à nous installer dessus. Loulou a beaucoup ri. Pas moi. C'était plus fort que moi.

Loulou: Tu me montres quoi avec ta main ?
Moi: Je te montre cet endroit merveilleux...

Je commençais à remonter la pente. Très légèrement.( Je remercie au passage, le créateur de cette animation qui m'a fait lever la main.)


Loulou: On vole ?
Moi: Eh oui! C'est Second life, un monde magique!
Loulou: C’est le rêve !
Moi: Oui, un rêve à deux...

Je reprenais vie. Progressivement. Ouf.


Loulou:T’entends la musique ? Je trouve ça fou… .c’est presque mieux que la balançoire…

Pour une fille qui a une "Swing Quest" c'était vraiment une déclaration d'amour à la vie.
La chanson qui passait était "Don't worry, be happy". Une sorte de message subliminal adressé à mon cerveau. Ne pas s'en faire et être heureux. Tellement vrai. Tellement juste. J'essayais de me le répéter.


Malgré l'enthousiasme de Loulou et cette chanson merveilleuse, et je restais émotionnellement bloqué. Constipé. Il fallait que je fasse quelque chose. Mais quoi? En tout cas il y avait urgence. Il fallait que je retrouve mon sourire intérieur.


Le lendemain, après la "soirée vache", j’étais encore avec Loulou quand Rya m'envoie un IM. Elle était en train de regarder un concert en direct. Je n’avais pas encore eu la chance de vivre cette expérience et j'en rêvais. Et comme souvent dans ce monde, nos rêves se réalisent.
Loulou est ok pour le concert. Nous nous téléportons.
Dans la salle, un type dont j'ai malheureusement oublié le nom, jouait tout seul à la guitare, en direct.


Loulou: On est vraiment en train de regarder un concert?
Moi, toujours blasé : Oui.
Loulou: C'est fou!

Loulou avait raison. C'était vraiment fou. Assister à un concert dans un lieu virtuel a quelque chose de fascinant. Comme si certaines sensations étaient amplifiées. Il y a d'abord toutes les sensations d'un concert "normal". La magie du direct. La fragilité. Le risque. La complicité qui s'établit entre celui qui joue et ceux qui reçoivent la musique. Même dans le virtuel cela reste un moment "unique". Comme dans les concerts normaux, il y a aussi la présence des autres et le sentiment de communion qui va avec. Le chat, les applaudissements, les différents looks croisés, les quelques mots que certains lancent... oui, les autres sont bel et bien "présents".
Là-dessus vient se greffer une des spécificités du virtuel: L'abolition de l'espace et des frontières physiques. A l'endroit où je vis, je peux écouter en direct dans un lieu "immatériel" une musique qui vient de n'importe quel endroit du monde et la partager avec d'autres personnes, qui sont elles aussi dans différents endroits du monde. Aucune frontière physique ne vient empêcher cette réception merveilleuse et ce partage. Un vrai sentiment de liberté. Et puis cette sensation de dédoublement: nous sommes chacun chez nous et pourtant ailleurs, dans un même lieu. Une expérience délirante et absolument géniale.

J'avais entamé une discussion avec Rya, grande consommatrice de concerts sur SL. Elle me donnait les noms des personnes les plus connues et qu'elle appréciait sur SL: Cylindra Rutabaga, Frogg et Jaycatt, Maximillien Kleene ( un canadien) , Dan Numbers, Julian Vista, Charles Coleman, Bill et Lam: des noms exotiques, inconnus pour moi mais déjà connus de toute une population sur Second Life.


Loulou, toujours hallucinée. : T’as écouté ses paroles ?
Moi: Non. Je suis en train de discuter avec Rya.
Loulou : C'est fou. Il chante des trucs sur ses problèmes d’avatars. « je suis tombé amoureux d'une avatar... et elle est partie avec un autre...
Moi: Tu plaisantes? Il parle de ses problèmes d'avatar?

Enfin! Le "truc" est revenu à ce moment-là . Un vrai "flash". L'hallucination que j'attendais. Merci!

Il y a bien une problématique spécifique à la vie virtuelle. Et certains ont ressenti le besoin de l'exprimer en chansons. Le « vécu virtuel » a déjà son expression artistique. Cela m'a bouleversé. J’en parle direct à Rya qui me le confirme.

Rya: Oui, cela revient souvent. Ils parlent dans leurs chansons de ce qu'ils vivent ici.
Puis elle s’arrête net, écoutant la chanson du type.

Rya: Oh ! Celle-ci je l’adore, je pars à chaque fois !
Paf! Et moi, je suis "reparti" à ce moment-là aussi. Sur cette simple phrase.

En une fraction de seconde, j'ai ressenti l'impact du virtuel sur le réel. Un art qui a une autre saveur, une autre odeur de vie est déjà dans le coeur de certains. C'est très troublant et génial à la fois.

Pour m'achever dans le plaisir, et la joie de nouvelles sensations, il y a eu enfin ce mini événement. L'artiste qui était sur scène s'est mis à parler entre deux chansons. Il plaisantait de façon absolument décontractée et vraiment cool et avait un rire que je n'avais jamais entendu. Un rire qui vient des tripes. Son ton de voix, tout à fait spécifique, reflétait cet "entre-deux" dont j'ai déjà parlé. A travers ce qui passait de sa voix, on pouvait sentir que lui-même vivait une expérience à part, à la fois sérieuse et ludique, réelle et irréelle. Le plus étonnant c'est que j'ai retrouvé exactement ce même " rire” , ce ton si spécifique dans des concerts totalement différents. Cela m'a troublé.
D'abord chez la chanteuse du Virtual Live Band ( VLB). Ce groupe est particulier: Les quatre membres du groupe vivent dans quatre endroits du monde et jouent ensemble.

Un en Allemagne

En Californie

En Amérique du Nord

En France


Et puis chez un jeune prodige de piano classique, 22 ans, Gideon Kappler, qui nous a joué entre autres, du Schubert et du Chopin.

C'était impressionnant. Entre les titres, il nous parlait, lui aussi avec cette distance et cette décontraction absolument incroyable. Je m'en souviendrai toute ma vie.



Heureusement que les autres sont là. Pour redéclencher la machine. Pour relancer "le truc". La flamme. Sans eux, je n'aurai pas pû retrouver ce qui m'anime tant sur SL. Ce désir de découvrir, d'expérimenter, de créer.
Goethe disait que si l'on lui retirait tout ce que les autres lui ont apporté, il ne lui resterait que la peau et les os.
Je le crois volontiers.



Salles de concert
The Fa3rik
Crazy Shark
Nantucket

SL New England est un groupe anglophone très actif basé dans la région deNantucket et qui organise entre autres des concerts. Avis aux amateurs...

Paroles : Don't worry be happy




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samedi 9 juin 2007

Second Life: " Swing Quest"1

Après notre première vraie rencontre sur SL, Loulou a continué sa Swing Quest (Quête de balançoires). Elle m’a envoyé ces quelques photos.



Pas mal non? Autant le dire tout de suite: je suis arrivé à un stade de ma vie virtuelle où voir des photos d’une avatar sur une balançoire me procure une véritable émotion. Je suis très atteint. Et le plus étonnant c'est que je ne m'en lasse pas.

Je ne suis pas particulièrement fétichiste. Et je n'ai pas de rapport particulièrement complexe avec les balançoires. Alors?


En voyant Loulou" triper" sur quelque chose d'aussi poétique et inutile, je me remets instantanément à plonger dans un état d'excitation et de plaisir de vivre. Cela me parle au fond de moi, très loin, près de la région du coeur et me procure cette sensation fondamentale devenue malheureusement taboue dans certains pays civilisés: de la joie.

Voir Loulou sur des balançoires me remet littéralement "dedans". J'entre alors dans un état de conscience particulier, entre le rêve et la réalité, quelque chose d'assez doux et excitant en même temps. C'est très agréable. On se sent plus vivant que jamais. Une sorte de piqûre de rappel. Il suffit d'un rien pour plonger. Une réflexion anodine, un geste, la découverte d'un lieu ou une banale photo d'une avatar en 3D. Ces petits riens ont un puissant pouvoir: ils sont chargés de sens. Un sens que peuvent comprendre ceux qui partagent comme moi cette expérience. Ou bien même ceux, les plus curieux, qui n'ont ni l'envie, ni le courage de venir sur SL mais qui vivent cette vie par procuration. Il n'y a pas de mal à cela. Chacun son degré d'implication.

Le fait que les autres avatars partagent leur vécu et leur expérience avec moi, renforce ma sensibilité et ma réflexion. C'est une richesse. Chacun apporte sa pierre à l'édifice. Mêmes ceux qui critiquent ce monde nous aident à le comprendre. Il est important de les écouter aussi. De même qu'il est essentiel pour nous aussi, de conserver notre esprit critique et notre humour. De chercher les vérités cachées de ce monde. Ses travers, ses bienfaits. C'est ainsi qu'on l'améliorera.

Il sera désormais difficile de voir des balançoires sur SL sans penser à Loulou. Cela est inscrit dans le livre de ma vie virtuelle.



Toutes les photos sont de Loulou Poplin.
Les adresses des balançoires sont pour le moment "confidentielles".


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