Second Life préfigure le Web de demain. L'expérience vécue par les avatars est à ses débuts, mais est déjà riche d'enseignement. Sur ce blog vous pourrez lire toutes mes reflexions, expériences et impressions liées à la découverte de Second Life, les rencontres que j'y fait, et les histoires qui s'y passent...en un mot, ma vie d'avatar.
Il y a quelque temps déjà une avatar m'a contacté in world, pour que je parle de son lieu sur SL, Book Island. Ce sont des éditeurs anglais qui vendent des livres sur SL. Je n'ai pas l'habitude de faire de la pub sur ce blog. Je ne suis pas journaliste. Mon blog est en français. Et je ne voyais pas ce que cela pourrait lui apporter. Alors, j'ai mis du temps à réagir. C'était bête. Cela marche comme ça. Il faut faire parler de soi si l'on veut avoir un certain succès. Et puis j'ai envie d'aider ceux qui "font".
Si vous voulez acheter des livres en anglais (ici des essais, pas des romans) vous pouvez aussi le faire sur Publishing Island ou Book Island. D'ailleurs si vous êtes éditeurs, pouvez aussi "exposer" vos livres.
Je n'ai pas encore expérimenté. Je ne sais pas si ces livres sont virtuels ou réels. En tout cas, quel que soit le support, il y aura des mots, des phrases, des idées, et vous pourrez, dans le monde virtuel aussi, continuer de vous cultiver...
J'errais ce soir-là tout seul, dans Midnight City. Une ville étonnante. Une sorte de New York où le jour ne paraît jamais. Il est toujours minuit à Midnight City. On y croise peu de monde. Comme dans le désert. Je suis étonné qu'il n'y ait personne dans un endroit aussi magique. C'est le genre de choses qui arrivent sur SL. Un privilège en quelque sorte. J'avais repéré Midnight City sur le profil d'Aimée Weber, la fameuse designer. Ce n'est pas seulement un de ses lieux favoris. Midnight City a été créée entièrement par elle. Comme pour tous les vrais artistes, son style est reconnaissable au premier coup d'oeil. Jeu subtil avec la réalité, sens du détail, humour. C'est tout simplement beau. J'ai eu envie de partager ce lieu avec quelqu'un. J'appelle Ides, une avatar que j'avais rencontré au Club de Philo et qui m'avait semblé d'entrée de jeu intelligente, voire intellectuelle, et assez rebelle. Je lui propose de me rejoindre. Moi: je suis dans un bar où l'on ne peut pas boire, où il n'y a personne... mais l'endroit est très intéressant. Sur Second life, ce genre d'invitation ne fait pas peur aux femmes. Elle : Est-ce que tu as plus de cinq minutes? Est-ce que je dois garder un rendez-vous sous le coude?
Ides avait des raisons de se méfier. A chaque fois que je l'avais vue, j'avais très peu de temps devant moi. Je n'arrêtais pas de répéter que je devais retourner dans la RL. J'étais un peu comme le lapin d'Alice au Pays des merveilles. Cela énerve au bout d'un moment. Une fois, alors que je venais à peine de me connecter et que j'avais toujours peu de temps, je l'ai appelée: je suis juste venu te dire que je m'en vais... Elle: Oh super. Très heureuse de savoir que tu vas partir. Merci de m'avoir prévenue! C'était devenu un petit jeu entre nous. Elle s'est évidemment méfiée quand je l'ai contactée ce soir-là, mais je l'ai rassurée sur le temps que j'avais à lui consacrer. Cinq bonnes minutes plus tard. Toujours pas de nouvelles d'Ides. Moi: Tu viens? Elle: J'arrive. J'ai besoin de conclure poliment la discussion avec un avatar. Après ce que je lui avais fait subir, c'était de bonne guerre. Ides me pose rapidement des questions sur ma Real Life. Comme à mon habitude, je préfère ne pas répondre. Je ne veux pas que Second Life se transforme, comme je l'ai déjà dit en un meetic.fr en 3D. Aucune information sur ma RL. Ides: Comme tu veux. Mais je n'aime pas le mensonge. Je viens d'un endroit où les gens sont dans le paraître et je n'aime pas cela. Toute la société est comme cela. J'étais plutôt d'accord sur la religion du paraître. Mais est-ce que ne rien dire sur sa RL c'est "mentir"? Est-ce que ce n'est pas une voie pour bien partir dans l'imaginaire? Le débat reste ouvert. En tout cas, la communication entre nous ne s'annonçait pas évidente. Sur Second Life, j'aime me faire croire des choses, m'inventer des histoires, jouer un rôle. Ides de son côté est une fille engagée, préoccupée par le monde, et qui ne veut surtout pas "oublier la réalité". Si nous voulions passer une bonne soirée ensemble, il allait falloir trouver des ponts entre nos façons respectives de vivre le monde virtuel. Moi: Pourquoi tu viens sur Second Life? Ides: Je suis photographe dans la RL et je suis surtout définie par "ce que je fais". Ici je suis définie par "ce que je suis". Cela fait du bien. Je comprends ce qu'elle veut dire. Ici nous sommes déconditionnés de notre vie réelle. Et cette forme d’anonymat est précieuse. Elle donne une liberté assez jouissive. Pour combien de temps? La tendance dans nos sociétés est d'en finir avec cette liberté que donne l'anonymat, quasi-impossible aujourd'hui où tout ou presque est enregistré, filmé, répertorié. J'avoue qu'à un moment j'ai été tenté de parler de ma real life. Mais c'était juste une tentation narcissique. Je me suis repris. Dans quelques années, lorsque le virtuel ressemblera trait pour trait à la réalité et qu'il en offrira des sensations proches sinon encore plus fortes, est-ce que nous aurons encore envie de savoir "qui est qui" dans la RL? ou bien serons-nous devenus indifférents à ce qui se passe dans la première réalité? Ides me fait cette remarque étonnante: elle a peur que si elle mourrait un jour, ses amis SL ne le sachent pas. Et rien que pour cela, elle ne fait pas de séparation entre RL et SL. J'ai pensé moi aussi à ma mort en tant qu'avatar. Un de ces jours il faut que je prévienne quelqu'un de confiance dans la RL qu'au cas où cela arriverait, il faut faire un "IM - faire -part" à ma liste d'amis. Un truc du style: "Myster Welles est mort dans son sommeil cette nuit. Il n'a pas souffert. Il n'y aura pas d'enterrement sur SL, mais une petite cérémonie en son honneur, au Philosophy Club, près du nain de jardin, sur une musique de Bob Dylan, Knockin' on Heaven's Door..." Le rêve quoi!
Nous avons fait les boutiques sur Midnight City. Toujours pas de cars de touristes ou de bruits d'appareils photos numériques. Seulement quelques sons de sirène de police habilement choisis. Très agréables à entendre dans ce contexte.
Je n'ai jamais aimé faire du shopping dans la RL et pourtant j'ai eu beaucoup de plaisir à faire découvrir le magasin de fringues d'Aimée Weber. Sans être un grand fétichiste j'aime particulièrement ses collants filés et surtout le détail des petits trous. C'est sexy et drôle à la fois. Moi: Est-ce que tu accepterais que je t'offre quelque chose? Cela m'a pris comme ça. Peut-être un réflexe de mâle. Pourtant Ides n'est pas du genre à aimer les apparences. Mais j'ai eu envie de lui offrir mon premier vrai cadeau sur SL. Elle : Ok. J'accepte. Mais je veux aussi t'offrir quelque chose. Moi: Ok. Avec plaisir. Une autre fois. Je souhaiterais juste prévenir les avatars mâles: avec beaucoup moins de 250 lindens dollars (moins d'un dollar US) vous pouvez rendre une avatar folle de joie... même une intello rebelle et préoccupée par la misère dans le monde. Elle a pris son temps.
Elle m'a emmené d'un bout à l'autre de la boutique pour me demander mon avis.
Elle: Alors? Moi: Le corset à lacets noirs... Ides: ....Je peux encore prendre quelque chose , il me reste encore quelques lindens. Moi: J'aime bien les jupes. Ides: Tu préfères laquelle, celle -là ou celle en satin? Moi: Celle en satin... Ides: Oui c'est celle à laquelle je pensais... C'était un spectacle étonnant et touchant. D'une exquise intimité et très drôle à la fois. Ce comportement typiquement féminin, qui m'aurait horripilé dans la vie réelle, m'amusait franchement. Peut-être parce que c'était la première fois. Peut-être aussi parce que je découvrais Ides sous un autre jour. Elle: Merci Moi: De rien, vraiment. Moi: Qu'est-ce que tu fais? Elle: J'essaye de mettre ma jupe. Je ne devrais pas, je risque de me retrouver à poil. Moi: Je ne suis pas choqué par la nudité ici. Elle: Moi si, par la mienne. Elle: Je n'ai jamais fait de shopping sur SL avec un homme. Moi: Moi non plus avec une femme, c'était ma première fois. Elle: C'était bien de passer un moment avec toi... Moi: Pour moi aussi.
Nous avions trouvé un modus vivendi. Ni trop dans le virtuel ni pas assez. Un juste milieu qui nous a plu à tous les deux. Cela a valu le coup de prendre du temps pour Ides. Un vrai moment jazzy.
Ma soirée à Midnight City résumée dans ce petit clip sur une très belle ballade d'Almo
Je suis un résident de Second Life, mais aussi un être humain ( bien que je vive sur Venus). Je m’efforce d’apporter mes réflexions sur ce que vivent les avatars. Je ne m’assigne pas de limites en ce qui concerne la recherche de la Vérité sur les monde virtuels. D’une part, il y a encore de nombreux préjugés les concernant. D’autre part, toute vie, qu’elle se déroule dans un monde "tangible" ou "intangible", contient sa part de mystère.Et les mondes dit « virtuels » n’échappent pas à cette règle.
Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, il est possible de « vivre » dans deux univers différents. Cette vie « dédoublée » est sans doute un facteur d'évolution pour les êtres humains. Elle pose de nouvelles questions et crée pour l’être humain-avatar de nouvelles problématiques.
En racontant mes histoires virtuelles, j’essaye de faire avancer la réflexion sur ce mode de vie, ses joies, ses limites.
Même s'il est possible de lire ce blog dans le désordre, je vous suggère de le lire dans sa chronologie. Vous verrez comment l'expérience du virtuel transforme les avatars...et les êtres humains. Bonne lecture.