mardi 10 avril 2007

Ma vie sur Second Life: Changer le Monde


En général, quand j'ai des questions à poser, je m'adresse aux Sages du style: Moïse, Jésus, Confucius, Rabbi Nahman, ou Swamiji Prajnanpad. Mais ils ne sont pas encore sur Second Life...
Je repère alors sur le profil d'Eureka Déjavu, un club philosophique, le Philosophy House . A vrai dire, les philosophes ne sont pas toujours les mieux placés pour répondre aux questions existentielles, mais il leur arrive de se surpasser.

Le groupe: Bonjour Myster!
Moi: Bonjour tout le monde!

La discussion en cours était sur D.ieu. Bonne surprise, j'aime beaucoup parler de D.ieu. (N'oublions pas que son vrai nom est imprononçable). Les avatars qui étaient présents avaient tous l'air de bien se connaître. Des gens plutôt sympas et cultivés. La plupart faisaient parti d'une certaine contre-culture américaine que j'affectionne tout particulièrement. Ce lieu simple où l'on était assis sur des troncs d'arbres semblait être leur repère. Agréable sensation de trouver un endroit où des habitués vous reçoivent gentiment et veulent partager leur univers avec vous.


Seul problème, je n'ai pas pas pu en placer une. Ces avatars philosophaient avec un grand sérieux, en anglais, tous en même temps et à toute vitesse. J'ai essayé de dire: "L'homme pense, D.ieu rit", mais la discussion allait trop vite pour moi. Je remarque alors une jeune avatar, légèrement anorexique, et dont le profil disait qu'elle était très timide. Il valait mieux commencer une discussion à deux, même avec une grande malade.

Moi: Tu crois que D.ieu est à l'intérieur de nous?
Elle: Non.
Moi: Tu crois que D.ieu est autour de nous?
Elle: Non plus.

Elle a tourné les talons.  Accès subit de timidité.


Je décide d'aller voir le nain de jardin que j'avais repéré derrière moi.

Lui: Bonjour Myster!
Moi: Vous connaissez mon nom???
Lui: C'est écrit au-dessus de ta tête...
Moi: Qu'est-ce que vous faites-là?
Lui: Tu peux me parler si tu veux...Je suis un nain philosophe.

A priori, ce n'est pas mon genre de parler à un nain de jardin. Encore moins un nain philosophe. Mais après tout qu'est-ce que j'avais à perdre?

Moi: Je ne vais pas bien Monsieur le Nain...je traverse un crise virtuelle...la plupart des gens s'amusent sur Second Life...Comment ils font?...j'ai perdu la foi dans les mondes virtuels...je ne sais plus ce que je fais là...

...Je ne peux pas passer le restant de ma vie assis sur un tronc d'arbre à écouter des gens que je ne comprends pas!

Moi: Comment vous faites pour être tout le temps heureux vous?

Le Nain: On dit que le Sage vit dans un orgasme quotidien...
Moi: Un orgasme quotidien???  Désolé mais ça j'ai renoncé...
Le Nain: Je voulais dire: sois content de ce que tu vis. Chaque jour. A chaque moment.

Le Nain: Pourquoi tu ne danses plus? Tu avais l'air de t'amuser tellement...
Moi: Peur de la tentation, ça peut aller très vite ici...
Le Nain: Je ne peux rien faire pour toi. Tu es le seul à connaître la solution.
Moi: Merci du scoop. Vous pouvez pas me dire autre chose?
Le Nain: A quoi ça sert? On en fait qu'à sa tête, non?

Moi: Dites-moi au moins une chose, une seule...pour que je puisse trouver du sens ici...
Le Nain: Une seule chose?
Moi: Oui.
Le Nain: Be happy.

J'étais très clairement tombé sur un Sage. Calmé par ces mots, je retourne voir mes amis philosophes et allez savoir pourquoi...cela s'est mis à gentiment dégénérer.


Madeleine, un des piliers du club, a commencé à mettre de la musique, à filer des scripts de danse à tout le monde.

On a même consommé des drogues, des acides virtuels qui font délirer sans faire de mal.

C'était la première fois que ce club de philosophes très selects se lâchait comme ça...
J'invite Ides, une avatar que je viens de rencontrer ici, à me rejoindre dans la danse. Elle refuse. Elle me prévient qu'elle est plutôt associale...et qu'elle a du mal avec les trucs de groupe. J'insiste, mais rien à faire.

Juste au moment où je dois partir rejoindre ma planète Vénus, Ides se met aussi à danser, miraculeusement.

Moi: Tu te mets à danser au moment où je pars?  
Elle: A toi de voir ce qui est mieux, la RL ou ici...
Très forte Ides.

J'y suis resté une demi-heure de plus.

Qui sait vraiment comment nous influençons les autres?  Comment le monde se met à bouger ? Cela peut être juste parfois une phrase, un sourire, un geste qui crée un mouvement qui nous échappe. Des petites choses.

Il suffit parfois de bouger un tout petit rouage à l'intérieur de soi pour que le monde se mette soudainement à changer. Les Bouddhistes parlent d'un lien d'interdépendance entre toutes choses, une loi de "non -séparablité". La mécanique quantique confirme ce phénomène: toutes les particules dans l'Univers sont en interaction les unes des autres. Elles exercent une influence l'une sur l'autre.

Cette joie soudaine chez les philosophes était-t-elle dû à mon influence?
A celle du nain?
D.ieu seul le sait.




Sur une musique du groupeParanoia, cyberfonk, petite pub pour le club de philo


Philosophy House
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4 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu nous laisses bien longtemps sans nouvelles ? ton avatar aurait-il eu des soucis ?
quel suspens !

Myster Welles a dit…

merci de prendre des nouvelles...
Désolé pour le délai un peu trop long, je reconnais...
je te rassure, mon avatar va très bien et il donnera de ses nouvelles très bientôt...

Mariaka Nishi/Anne Astier a dit…

ça vient donc de là, "be happy"
décidément, j'adore ta façon de raconter
un très grand merci ! ... (lol)

Myster Welles a dit…

Merci à toi!
On arrête pas de se remercier tous depuis hier ! :)

En fait je n'ai fait que reprendre une histoire réelle entre un disciple et un Maitre indien, je crois qu'il s'agissait de Swami Prajnanpad ( Swamiji pour les intimes...

Le disciple, après avoir suivi son enseignement, lui demande: si je devais retenir une seule chose, de tout votre enseignement, qu'est-ce que ce serait?

" Be happy" dit le Maître, comme le nain de jardin...